L’Allemagne !
Nous y sommes entrés par une petite passerelle en bois enjambant un petit pissou de quelques mètres. De l’autre côté, la voie verte (qui, en fait, est rouge tout comme en Belgique et Hollande) se poursuit.
Mais, de suite, des choses changent quand même un petit peu.
La langue, tout d’abord (ce qui facilitera nos contacts avec la population, Hélène se rappelant de ses années sur les bancs scolaires)… ainsi que les panneaux de signalisation, dont certains surprenants..
Mais nous remarquons bien vite l’abondance de drapeaux nationaux dans les jardins et au dessus des maisons : l’allemand est très patriotique ! Est-ce dû à la dernière victoire de la Mannschaft dans le mondial brésilien ? Est-ce dû à la croisée de notre passage avec la présence d’un jour de fête nationale ? Ou bien est-ce normal et régulier ?
Ou bien, un peu des trois hypothèses…. En tout cas, des signes révélateurs de l’impact du dernier tournoi international de football sont présents un peu partout.
Nous comprendrons d’ailleurs pourquoi les allemands ont su manier le ballon mieux que quiconque durant le mois de juillet 2014 : ils se sont entrainés à dribbler et à pousser la balle dans les filets, même dans les toilettes… Joan y prendra même un certain plaisir.
Autre chose qui nous a sauté aux yeux dès le passage de frontière : l’abondance des énergies renouvelables : des éoliennes de partout, des panneaux photovoltaïques sur tous les toits de fermes ou de pavillons, des tas de bois déchiqueté, des camions de granulés de bois… C’est assez impressionnant.
Enfin, par rapport à la Hollande, nous sommes heureux de redécouvrir une nature propice aux bivouacs, où la densité d’occupation de l’espace est moindre, et ou des petits recoins ou prés peuvent se trouver aisément pour y déposer nos tentes, les soirs arrivants.
En Allemagne, les pistes cyclables ne suivent plus des numéros de points de carrefour, comme aux Pays-Bas, mais ce sont des directions ainsi que les distances kilométriques correspondantes qui sont indiquées. Et les voies sont beaucoup plus hétérogènes : de la rue complètement pavée et entièrement dédiée au vélo, au petit chemin de terre serpentant en forêt.
Les fermes sont « kolossales » ! Aux grands corps rouges, mais extrêmement propres et bien rangées.
Bien sûr, nous continuons de croiser nos amis moulins, mais ils sont bien moins nombreux qu’au pays Oranje… Mais ce qui nous restera probablement de notre passage en Germanie, ce sont les bateaux.
Bateaux sous forme de bacs, déjà. Pour traverser les grands estuaires de la Weser (entre Nordenham et le Port de Brème, Bremerhaven) et de l’Elbe (entre Wischhafen et Glückstadt). Les 2 traversées ont été réalisées sous des temps maussades et fortement nuageux, avec gros orages à l’arrivée, notamment à Bremerhaven, où nous avons du notre salut à un énorme porche d’un immeuble à l’entrée de la ville, sauf Nils, resté à l’abri dans sa chariotte, sous un arbre.
Bateaux aux seins des ports traversés. Enormes portes-containers, de bannières diverses et variées (scandinaves, russes, nord-américaines) se chargeant de caissons ou de belles berlines allemandes. La traversée du port de Brème, qui s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, est superbement fléchée et nous permet d’en prendre plein les yeux, sur le fourmillement organisé de cette zone industrielle et sur le travail des grues.
A la sortie du port, en voulant couper une boucle de 3 kilomètres, nous sommes passés par un petit chemin au milieu de quelques maisons. Ce fut une mauvaise pioche, l’un des riverains ayant décidé de tailler sa haie d’aubépines. Les brindilles aux épines acérées jonchaient le sol… Et ça n’a pas raté ! Si la Salamandre-Chariotte est passée sans encombre, un « pschhhh » s’est fait entendre au niveau du Pino qui s’est rapidement retrouvé à plat et nous a contraint à une petite pause « crevaison ». Ce fut quasi notre seul incident mécanique du périple, hormis sur un porte-bagage arrière de la Salamandre, où une vis nous a quitté (probablement sur une piste rocailleuse allemande) nous obligeant à une réparation de fortune sur l’attache d’un tube de soutien, le temps de trouver un magasin de vélo.
Sinon, nous avons continué de suivre notre digue, jusqu’à Cuxhaven, tantôt côté terre, tantôt côté mer, avec une végétation qui se modifie peu à peu, nous montrant un visage de plus à plus nordique. Au large, les îles de Neuwerk.
Cuxhaven… On devait y prendre un bac pour traverser l’Elbe. Manque de bol, nous n’y arrivons pas le bon jour car une fois sur place, nous apprenons qu’il y a seulement 2 traversées par semaine, soit après-demain. Nous déciderons donc de repartir plus à l’Est, en direction d’Hambourg pour prendre le prochain bac permis aux vélos, à Wischhafen.
Ce qu’il y a de bien en vélo, c’est que tout chemin non prévu initialement nous permet de découvrir des petits trésors que nous n’aurions pu admirer.
Comme par exemple, toute cette zone de vergers après Cuxhaven. Vergers aux branches retombantes, chargés de fruits et au devant desquels se trouvaient des petites cabanes de ventes autonomes des légumes du jour.
Trésor aussi que ces villes et villages dont les façades sont ornées de citations et d’inscription, au travers desquelles nous sous sommes égarés, tachant de prendre le temps de traduire chacune, ce fut notamment le cas à Otterndorf.
Trésor comme par exemple, ce canal reliant la mer du nord à la mer Baltique, de 98 km de long, sur lequel naviguaient des portes conteneurs ou des méthaniers colossaux, qui ont été notre paysage du soir et du petit matin, au devant de notre spot de bivouac. Ce canal a été créé de 1887 à 1895, date de sa mise en service, il voit passer plus de 120 géants par jour.
Trésor aussi comme ce point, le plus bas d’Allemagne, situé à -3,84 mètres en dessous du niveau de la mer.
Les enfants s’éclatent à chaque arrêt, profitant de l’environnement pour s’amuser, tant en milieu urbain, qu’en pleine campagne. Parfois même contempler ce qui nous entourait en ville, voire même, en fin de journées très pédalantes, se laisser suspendre dans des moments calmes et ressourçants.
Après avoir rejoint notre digue, sur la côte de la mer du nord, nous reprenons la route « classique » en longeant la côte, soit d'un côté de la digue, soit de l'autre, en ralliant les ports somptueux de Büsum, Tonning et Husum.
Petits ports de pêche colorés, bien loin des grands ports industriels, avec un charme tout autre.
D’un point de vue architectural, nous nous rapprochons sacrément des pays nordiques. En témoignent les drapeaux qui apparaissent de plus en plus.
Beaucoup de briques et colombages et plein de couleurs dans des centres-ville très piétonniers.
Nous apprenons que cette région a régulièrement changé de pays et de langues, entre Danemark et Allemagne, ce qui explique la présence d’écoles danoises en Allemagne (et nous verrons quelques kilomètres plus loin des écoles allemandes au Danemark). Les églises virent du rouge brique-cuivre au blanc.
Quelques points étonnants tout de même, avec un certains nombre de petites figures qui ornent les faîtages des toits.
Sans oublier l’habillage en laines multicolores des différentes armatures métalliques, que ce soient des fontaines, des bancs, des attaches-vélo.
Souvent, les devantures des maisons allemandes ont un petit côté kitch... Et parfois, nous tombons sur des magasins plein de ces types d'objets
Quant aux toits de chaume, ils sont magnifiques et taillés aux cordeaux.
Puis, jusqu’à Dagebüll, l’ensemble des corps de fermes sont peints en blanc, avec les toits verts, exception faite des pants de toits photovoltaïques, qui teintent un peu de bleu les toitures.
Les oies sauvages nous accompagnent ou nous croisent… En tout cas, elles sont là, nombreuses et partout. Les éoliennes également, à perte de vue, dans cette partie nord du pays.
En Allemagne, nous auront globalement eu un temps superbe pendant notre activité cyclote, mais avec des températures plus douces et fraiches qu’en Hollande. Toutefois, de sacrés orages éclateront, principalement le soir, une fois les tentes posées et montées (ou en cours d’installation !) mais parfois aussi en plein journée, nous contraignant à des arrêts dans des abris bus, le temps que ça passe. La récompense pouvait se récupérer dans les lumières et couleurs post-orage.
Toutefois, de beaux couchers de soleils nous auront encore accompagnés :
Au moment de quitter l’Allemagne pour le Danemark, le temps se gâte, le ciel se couvre, les nuages se chargent … et les premières gouttent commencent à tomber. On s’habille. On fait nos dernières courses en euros, avant de découvrir la couronne danoise, alertés par l’abondance de magasins frontaliers, côté germanique, bardés de parkings pleins de voitures aux plaques danoises…
La frontière est humide… mais heureuse ! Danemark, pays Viking, nous voilà !!...Suite au prochain épisode...